Dans l’adoption, l’incertitude et l’imprévu sont deux notions qu’il faut se préparer à affronter tout le long du parcours. L’agrément nous sera-t-il délivré ? Aura-t-on un apparentement ? Quand rencontrerons nous notre enfant ? Quel âge aura-t-il ? Quelles pathologies ? Quel parcours ? Et encore, je ne vous parle-là que des incertitudes rencontrées par les parents. Pour l’enfant, c’est encore une autre histoire. Mais ce billet est l’occasion de retourner ces notions pour essayer d’en tirer ce qu’elles peuvent nous offrir de positif. Cet article a déjà été publié dans le numéro 207 de la revue Accueil.
Vous me connaissez ici d’abord comme maman adoptante, puis comme journaliste. Mais jusqu’ici, je vous avais toujours caché mon activité secrète : l’improvisation théâtrale. Si vous n’avez jamais vu d’impro, sachez que dans un spectacle, rien n’est écrit. Vous prenez place dans la salle et les comédiens sur scène commencent par vous demander de l’inspiration. C’est vous, le public, qui allez donner les mots qui permettront aux acteurs d’inventer les sketchs, les scènes qui se dérouleront sous vos yeux. Pour ma part, je pratique le « long form » c’est à dire que chaque soir avec ma troupe, nous inventons une pièce de théâtre d’une heure. Avec ses aléas, ses erreurs et ses éblouissements.
Pour le public, c’est toujours un ravissement de voir les comédiens trouver des ressources inattendues pour se sortir des situations qui semblent si délicates. Depuis la scène, on le voit souvent bouche bée, surpris, et encore plus charmé quand l’histoire ne s’écrit pas facilement.
Pour les comédiens, la clé de la réussite de l’impro, c’est de ne pas venir sur scène avec une idée préconçue de ce qui va se dérouler. Sur scène, nous essayons de toujours rester à l’écoute des uns et des autres pour ne pas rater par exemple un message subliminal, ou une attitude qui va être le pivot de la scène. Avant de monter sur scène, nous travaillons beaucoup, nous apprenons différentes techniques qui nous serviront ou pas mais qu’il vaut mieux avoir intégrées pour se sentir à l’aise.
Des erreurs naissent les étincelles
Les meilleurs spectacles que j’ai vu ou que j’ai fait ne sont pas ceux qui se sont déroulés linéairement, ceux pour lesquels le public ne veut pas croire que rien n’était écrit. Non, ceux qui ont fait le plus d’étincelles, ce sont ceux qui nous ont nous même surpris sur scène, la fille d’un des comédiens qui fait un caprice dans la salle et qui monte sur scène, une erreur de prénom, un mot utilisé par une comédienne dont elle est la seule à connaitre la signification. C’est de l’erreur, de l’accident que sont nées les plus belles histoires.
Ne vous méprenez pas, avant de monter sur scène, il y a toujours une angoisse bien plus forte que de savoir qu’il y aura au bout une vague de plaisir et de bonheur. Il y a aussi de nombreux moments où l’on se sent très seul sur scène, à attendre le coup de main des autres comédiens qui se sentent aussi démunis par l’histoire qui s’écrit. Ou des rôles et des scènes qu’on n’a pas vraiment envie de jouer mais qui font partie de l’histoire. Mais même une mauvaise critique sur BilletReduc n’empêche pas de remonter sur scène pour continuer à improviser.
J’ai commencé l’impro bien avant de penser devenir maman par adoption. Mais avec le recul, j’y vois une belle métaphore de notre vie aujourd’hui. Essayer d’être à l’écoute toujours, à l’autre tel qu’il est et pas tel qu’on l’imagine, ne pas écrire l’histoire à l’avance, prendre les accidents, les anicroches pour des chances de rebondir et de se réinventer… Ce sont des lignes de conduite qui peuvent, je l’espère, nous emmener loin avec nos enfants.
Adoption : c'est quoi cette question ? 
Merci, merci pour cette belle métaphore, tellement juste , tellement porteuse de sens..ne pas écrire l’histoire à l’avance et rebondir!!
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c’est une richesse cette revue « Accueil ».
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